[LA LOUISIANE] Toronto, Toronto!?!

Par Guillaume Fournier


Il y a de ces journées comme celles-là, complètement folles, que l’on aborde en toute naïveté, sans se douter qu’elles vont complètement nous échapper.

Celle-ci avait plutôt bien commencé! La preuve :

Jamais trop tôt pour une photo. © Yannick Nolin
Eh oui, par un hasard cosmique, tous les amis se sont retrouvés réunis (beaucoup trop tôt, mais passons) à l’aéroport de Québec, en ce premier jour du mois de mai, qui semblait rempli de promesses.

Il y avait bien cette petite pluie fine, qui tombait du ciel, mais rien d’alarmant à l’horizon, right!?

La preuve : nous sommes partis «à l’heure» de Québec. Sans une minute de retard. Pif paf pouf, l’enregistrement, les bises, les douanes, l’embarquement, bye!

Bye! © Yannick Nolin
Une semi-sieste plus tard, on débarquait déjà à Montréal, à peu près certains de poursuivre notre route sans pépins. 

L’embarquement. Les instructions de routine. La boucle passe par là, on tire là-dessus, tiguidou. On bouge. Puis…

Dingggg.

« Bonjour, ici votre Commandant, qui vous souhaite la bienvenue dans cet avion de misère, qui va vous conduire nulle part pour au moins 5 heures.»

Bon.

Les travaux à l’aéroport Pearson… La température… La pluie…  

Finalement, le ciel bas de Toronto refuse de nous laisser rejoindre notre prochaine escale.

« Pas question de partir de Montréal. Mais inquiétez-vous pas : on vous emmène un lunch. » Sérieux? « Oui-oui! » […] Toujours pas vu, ce lunch.

Et donc, on attend, attend encore, et comme le Commandant nous annonce enfin que nous venons d’obtenir l’autorisation de partir, on entend :

Dingggg.

« Ici votre Commandant, un petit mot pour vous dire que l’avion est brisé. On travaille à essayer de la réparer. Ça s’en vient! Ben, on pense, là. »

Okayyyyy.

Dingggg.

« Commandant à l’appareil, okay tout le monde, va falloir sortir de l’avion, on partira pas pour Toronto, finalement. »

Leitmotiv. © Guillaume Fournier
On sort. Tout le monde. Du monde fâché. Du monde frustré. Pas nous! C’est chill, on n’est pas pressé. Notre vol de correspondance a été repoussé anyways, on va trouver une solution, suffit d’aller voir au comptoir, puis…

Le brouhaha. La cohue. Les rumeurs, qui s’enflamment. L’agent de bord :

« Ouais, finalement, pouvez-vous rembarquer dans l’avion, s’il vous plaît? On pense qu’on serait bon pour repartir. »

Hein? Les réparations sont faites? 

« Yup! »

Yup! #DuckTape © Guillaume Fournier
C’est avec une confiance renouvelée qu’on retourne dans notre avion pour… attendre encore.

Ce courriel, qui rentre soudainement : « Votre nouvel itinéraire ». 

« Ok, on part demain finalement. » 

« Quoi? »

« Ouais! Demain. De Toronto. » 

Nice! Reste plus qu’à se rendre.

Finalement, l’avion décolle. Un peu tout croche. Mais ça tient.

On s’excuse évidemment, on nous offre des liqueurs, du café. 

On s’approche de Toronto. Mouvement incroyablement brusque de l’avion, qui nous permet d’obtenir trois crédits de la NASA. Chill.

Yannick tente de rassurer sa voisine, qui crie et prie à tue-tête. 

« Ça va être correct, madame. We’re good! »

Dingggg.

« Commandant, allô, fait que c’est ça, on nous avait mal renseignés, c’est le chaos à l’aéroport de Toronto, on a failli frapper un autre avion, mais c’est même pas arrivé, fait que prenez ça relax, c’était juste un mauvais vectoriel qu’on nous avait donné, on va refaire 7-8 autres tours d’aéroport, avant d’atterrir. »

Sure, mon ami!

Et donc, par un miracle quelconque, on finit par atterrir. 

Halleluja-ahhh! © Yannick Nolin
Un merci plus tard à la madame qui priait, on se dirige vers le comptoir de service à la clientèle. 

« C’est bien par là, monsieur? »

Le regard pétrifié de l’unilingue censé occuper un poste bilingue. 

C’est correct, on va s’arranger.

Ça a l’air d’être là-bas, au bout de cette file infinie, qui contourne le coin et disparaît dans la brume…

On regarde le tableau des départs : pas très encourageant.

« Ça devrait bien se passer, ils savent qu’on s’en vient, j’imagine que… »

NOT.

On passe l’après-midi dans la file d’attente, complètement désespéré. Les pauvres bougres à l’autre bout font tout ce qu’ils peuvent, mais c’est clairement insuffisant.

Entretemps, on apprend que les filles se retrouvent à Ottawa plutôt qu’à TO, et qu’elles vivent des péripéties semblables aux nôtres. Hasard ou pas, on lit un article concernant des menaces d’attentats contre le Parlement. J’insiste : ou pas! Elles pourront sans doute nous éclairer là-dessus.

Les renforts arrivent enfin, de l’autre côté du comptoir. On avance un peu. Quelque trois heures plus tard, on finit par recevoir les excuses officielles qu’on espérait : des coupons pour des repas, des chambres d’hôtel, des lifts en limousine, pis tout le tralala.

Correct.

« Pis nos bagages, eux autres? »

Et nous voilà repartis pour un tour!

18h00, toujours dans une file d’attente de l’aéroport, aux bagages cette fois.

Un autre article, à la une de La Presse : « Des explosions perturbent le centre-ville de Toronto ».

Yan gère des crises, au téléphone.

Sam se met chum avec un footballeur d’Ottawa, qui vient de Québec et qui écoute les radios de Québec. « Pis, le troisième lien, toi? »

Bof, ce début de voyage.

On se retrouve dans un hôtel de Mississauga, à boire notre bière si chèrement acquise.

Et on se dit que c’est pas si pire que ça, dans le fond. Que demain, on sera à La Nouvelle-Orléans. Et qu’on va bien trouver une façon de retrouver nos bagages perdus, un jour ou l’autre! Et retrouver Jean-Pierre, ce pauvre Jean-Pierre, qui s’ennuie sans doute terriblement, sans nous!

La vue de Jean-Pierre, qui s'ennuie sans doute terriblement de nous. © Jean-Pierre Vézina
C’est un peu ça, faire des voyages de création on the go. Faut savoir s’ajuster. Faire preuve de résilience. Dormir en banlieue de Toronto, aussi, des fois.

On s’imagine que ça va mieux se passer demain.

Car, comme l’a déjà dit un grand sage : « Demain est une autre semaine. »

Mets ça dans ta pipe, Confucius.

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