[LOUISIANE] Norbert Leblanc, Kirby Jambon, et tout le reste

Par Guillaume Fournier


Je vous l’ai déjà dit, mais ça reste une grande vérité : il faut toujours savoir s’adapter, lorsque l’on crée un film sur la route.

Tenez : après avoir passé notre journée de mercredi à poursuivre des fantômes et à planifier des tournages incertains, tout s’est finalement mis en place, en cours d’après-midi.

Après de nombreuses hésitations, nous avons finalement décidé de devancer à jeudi notre excursion privée sur les bayous avec Norbert Leblanc, puisque les probabilités qu’il pleuve vendredi se faisaient de plus en plus certaines.

Puis, nous avons réussi à rejoindre le poète Kirby Jambon, qui - oh, miracle! - a réussi à trouver du temps dans son horaire «hyperchargé» d’enseignant, en nous proposant de le rencontrer jeudi matin, soit immédiatement après notre excursion avec Norbert Leblanc.

Mais avant toute chose, il nous fallait encore effectuer un détour vers le Blue Moon Saloon, afin d’assister à une autre soirée de musique cajun.
© Guillaume Fournier

© Guillaume Fournier

© Guillaume Fournier

Contrairement aux autres, celle-ci ne mettait pas en vedette un groupe en particulier, mais plutôt un regroupement de musiciens, qui ont passé une bonne partie de la soirée à jammer ensemble.

Soirée magique, donc, sur fond de rencontres et de pleine lune.

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Jeudi matin, 5h30. 

On se lève et on s’en va rejoindre notre ami Norbert Leblanc, qui nous attend pour une excursion privée, sur le bayou du lac Martin.

En chemin, pas le choix de s’arrêter un peu partout, afin de filmer la campagne Louisianaise, qui est drapée d’un magnifique brouillard qui tarde à se dissiper.
© Yannick Nolin

On retrouve Norbert, qui est en grande forme, et qui a déjà prévu une installation toute particulière, pour accommoder Yannick et notre caméra.
© Samuel Matteau

© Guillaume Fournier

On se promène tout bonnement, comme ça, sur ce bayou, qui nous appartient pratiquement, à cette heure de la journée.

On visite des secteurs moins fréquentés, comme celui du vieux bayou, où se cachent la plupart des oiseaux.

On se laisse glisser parfois, le moteur coupé, afin de mieux saisir la beauté des lieux.

Et on accumule évidemment les images incroyables, d’une beauté à vous couper le souffle.
© Samuel Matteau

© Guillaume Fournier

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Pas le temps de nous arrêter, aussitôt notre promenade terminée, nous nous dirigeons vers l’école primaire de la Prairie, à Lafayette, où nous attends le poète Kirby Jambon.

Vous avez bien lu : l’école primaire de la Prairie, à Lafayette.

En plus d’être un poète reconnu mondialement, et d’être professeur à l’Université de Lafayette, Kirby Jambon enseigne le français à des élèves de deuxième année du primaire.

Magnifique, non?
© Yannick Nolin

Pour toutes sortes de raison, c’était extrêmement émouvant de le retrouver dans cette classe - qui semblait se trouver dans une sorte de chaos plus ou moins organisée, mais visiblement propice à l’apprentissage -, avec, sur le mur, accrochée derrière son bureau, une médaille de l’Académie française.

Oui, une médaille de l’Académie française, dans sa classe de primaire! 

Pas dans son bureau de l’Université de Lafayette. 

Pas dans son salon, chez lui, où elle serait exposée à la vue de tous. 

Non. 

Dans sa classe de primaire.

Je vous le donne en mille (parce qu’on est aux États-Unis, clin d’oeil, clin d’oeil) : c’est pas tous les jours qu’on voit ça!

En même temps, ça m’a rendu un peu nostalgique, puisque je me suis dit que c’était peut-être ce que l’on entendait, autrefois, par instituteur, ou maître d’école.

Je veux dire : quelqu’un qui enseigne par passion, et dont les compétences dépassent largement le corpus qu’il enseigne; quelqu’un qui sait faire réfléchir et faire rêver ses élèves, grâce à son savoir et à sa vision poétique du monde.

Ne verrions-nous pas plus de ces phénomènes si nous valorisions davantage le poste d’enseignant? Si nous avions une vision un peu moins rigide de ce métier, aussi, peut-être?

Puisque nous demandons à ces hommes et à ces femmes d’éduquer nos enfants, il me semble que nous sortirions tous gagnants de la signature d’un tel pacte social.

M’enfin… Passons.

Nous avons eu la chance de discuter quelques minutes avec Kirby Jambon, et de le filmer en train de réciter quelques-uns de ses poèmes - qui nous ont par ailleurs beaucoup touchés. 

À travers ses mots, nous avons également pu découvrir certains contes cadjins, qui débordaient d’humour et de sagesse.

Une grande et belle rencontre, qui s’est malheureusement terminée trop vite.

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Nous nous sommes retrouvés du côté de St-Martinville, en fin d'après-midi.
© Samuel Matteau

Ça ne vous dit peut-être pas grand-chose, mais c'est pourtant là que serait enterrée la pauvre Évangéline, héroïne tragique du célèbre poème de Henry W. Longfellow, qui raconte la déportation des Acadiens.

Nous sommes allés visiter sa tombe, puis l'immense chêne, sous lequel Évangéline et Gabriel se seraient autrefois rencontrés, avant d'être séparés pratiquement à jamais.
© Guillaume Fournier

Ce chêne - qui serait âgé de plus de 500 ans, aujourd'hui - se dresse encore fièrement, en bordure du bayou Teche, afin de témoigner de leur histoire d'amour tragique et du tristement célèbre Grand Dérangement de 1755.

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Nous avons encore eu le temps d’aller filmer la lune, avant d’aller nous coucher, jeudi soir.

Des images poétiques, filmées comme ça, sur le coup d’une impulsion commune.

Mine de rien, nous avons accumulé beaucoup d’images, depuis que nous sommes arrivés en Louisiane.

Lentement, la certitude qu’au moins deux films se trouvent quelque part dans tout ça commence à s’installer en nous.

Il semble qu’il va pleuvoir, vendredi.

C’est la raison pour laquelle nous n’avons rien de prévu, au programme, sinon une rencontre avec un cinéaste local du nom de Stephen Meaux.

Nous resterons cependant à l’affut des moments magiques, que nous pourrions croiser sur notre chemin.

Car notre objectif principal sera, à partir de maintenant, de continuer de fournir en images notre banque vidéo.

Journée de transition, donc, vendredi, puis nous partirons vers le sud de la Louisiane, dans l’espoir de trouver d’autres images poétiques à capter avec notre caméra.

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Des félicitations chaleureuses en provenance de la Louisiane à nos amies du groupe du Manitoba, qui ont déjà terminé leur tournage et sont en route vers la maison.

Superbe travail, les filles!

Nous avons extrêmement hâte de découvrir votre - vos? - film!

Et à bientôt, pour une rencontre à Québec!

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