[MANITOBA] Tous les chemins mènent au Manitoba...

Par Joanie Lehoux



Alors, je vous parlais d'aléas hier soir, n'est-ce pas? Me suis-je découvert un merveilleux pouvoir, celui d'écrire le futur?

On aurait peut-être dû se douter que notre début de journée allait être un portrait assez juste du reste de son déroulement...

Dans le taxi:

- Merde, Fran! J'ai oublié mon déjeûner!
- Ben, pas grave, tu t'achèteras quelque chose là-bas.
- Mais, c'est que, j'ai des allergies super dull à gérer, je ne vais rien trouver à manger à l'aéroport!

Et on fait demi-tour pour revenir... chez moi! Eh oui, j'étais la première victime de la journée « embrouille ».

Dans le taxi (prise 2):

- Ah non, Julie a oublié le trépied chez elle!
- Noooooooon, pas vrai?!!
- Mais ça va être correct, son lift est allé chercher le trépied.

Deuxième victime: Julie. 

- T'as ton passeport j'espère?
- Non

Visage de Fran qui se décompose, un coup dans le ventre.

- Non, mais c'est correct, on reste au Canada, on n'a pas besoin de passeport!
- T'es sûre?
- Ben oui, je suis allée à Calgary en février pis j'avais pas mon passeport.
- Oui, mais Sam m'a dit...

Sam, les voyages en terres canadiennes, ça me connait. Laisse ça aux pros.

On se rend à l'aéroport rejoindre Julie, qui attend patiemment son amie, la première héroïne du jour. On décide d'enregistrer nos bagages en attendant.

Julie, au guichet d'enregistrement.

- Vous avez vos passeports?
- Oui
- Non

Visage de Julie qui se décompose, un coup dans le ventre (bis).

-Non, mais c'est correct, on reste au Canada, on n'a pas besoin de passeport!

Impression de déjà vu.

- T'es sûre?
- Ben oui, je suis allée à Calgary en février pis j'avais pas mon passeport.

Décidément.

Finalement, on s'est enregistrées. Fran et moi allons porter nos valises, Julie attend que le trépied soit arrivé pour envoyer les siennes. On attend avec elle. Et voilà que nos amis arrivent! Ouin les gars, votre départ n'est pas à 6h comme le nôtre? Je tiens à dire qu'il est 4h40. En-tout-cas.

On jase, ils s'enregistrent, ils attendent avec nous, on jase, la Super Girl arrive avec le super trépied, on jase, on prend des photos, Julie s'enregistre, on part vers la sécurité.

Après ces petits tracas, tout va à merveille! Comme si la journée, d'avoir commencé trop tôt, avait besoin d'être huilée.

On se dit au revoir, bon voyage, et on embarque dans nos avions. Nous: Québec → Toronto → Manitoba. 



Les filles pis l'avion, ©Joanie Lehoux


On se fait dire que, dû à des travaux à l'aéroport de Toronto, certains vols avaient des délais ou d'autres étaient carrément annulés, mais normalement « ceux du matin sont et arrivent à l'heure! » Hourra pour nous.

Jusqu'à ce que...

Tout déboule. Travaux + orages violents à Toronto + trafic aérien dans le ciel de la grande métropole = avion dévié vers Ottawa. Mais la capitale nationale a su nous accueillir les bras grands ouverts. Après quelques minutes où on se sentait un peu perdues mais tout de même confiantes, on a été dirigées à bon port. Ensuite, grâce à mon voisin de siège dans l'avion (un homme d'affaires connaissant tous les vols pour les avoir pris trop souvent et qui m'a trouvé sur son cellulaire un départ de Ottawa à Winnipeg à 14h40, deuxième héros de la journée!), on a pu profiter du meilleur vol pour nous. Merci aussi à la gentille agent de bord, qui a su flairer le problème dans le vol de base que nous suggérait la compagnie aérienne (Ottawa → TORONTO!?! → Manitoba). Troisième héroïne. Sérieusement, si elle n'avait pas fait les démarches pour nous mettre dans le vol direct de 14h40, on serait probablement à l'hôtel avec les gars!

Ensuite, la journée fut une suite merveilleuse de micro-embûches, qui ne valent même pas la peine d'être racontées tellement elles se sont réglées rapidement, mais surtout, de merveilleuses rencontres. Eh oui, déjà! Et des pas prévues! On pense à Paul, un autre agent de bord, incapable de dire un mot français à cause d'une histoire de guerre et de camp de concentration (ça l'air trash dit comme ça, mais quand on connait son histoire, c'est touchant, beau et troublant à la fois). Bref, ce généreux Paul qui nous a raconté son histoire familiale et son envie d'apprendre le français qu'il n'a jamais assouvie, à cause d'un père français qui a renié sa nation. 

Ensuite, Patrick, ce serveur au restaurant de l'aéroport qui, même s'il courrait littéralement d'un bord à l'autre - un restaurant qui se remplit d'un coup de passagers imprévus en transition, ça vous comble un temps mort! -,  a toujours su garder son sourire et son humour.

Puis, une passagères de l'avion du matin, que l'on a croisée dans notre vol vers le Manitoba. Elle continuait ensuite vers Banff, pour les vacances et le travail. Un peu comme nous dans le fond.

Le jeune homme de la location de la voiture, fin, poli et accommodant. La femme extraordinaire qui nous accueille dans son gîte, et qui a pincé la joue à Fran lorsqu'elle l'a vue, comme une grand-mère ferait pour sa petite fille! Les serveuses au restaurant où nous avons mangé, anglophones vivant à St-Boniface, ne parlant presque pas français mais le comprenant un peu (on a quand même eu droit au fameux tabarnak! que les touristes veulent toujours apprendre). Généreuses et sociables, elles finiront bien par apprendre plus que les sacres québécois.

Et toutes ces rencontres que nous avons au moins eu le temps de fixer dans cette journée d'attente et de transit. 



Continuer la recherche de contacts, même en transit, ©Julie Pelletier

Notre journée de demain est bien, bien remplie! Pour notre plus grand bonheur. Dîner avec un spécialiste de l'histoire qui nous fera visiter le Centre culturel franco-manitobain, café d'après-midi avec un réalisateur de la région qui s'intéresse à la jeunesse franco-manitobaine, visite du dojo d'une professeure de taiko et rendez-vous téléphonique avec l'amie d'un ami, avocate métisse et anishinabée impliquée dans la défense des droits des Autochtones.

Alors, cette journée qui aura commencé avec des embrouilles se sera terminée dans la plus grande des richesses.

À demain, pour de nouvelles aventures!

Psssit! Je vous laisse une vidéo en primeur. Notre super Fran ne se repose jamais. Voici le résultat!




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